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ALBUM NIGRUM

Commentaires
(de vous et de nous) 

1/8/2016 1 Comment

Avertissement, mises en garde et mode d'emploi général de l'oeuvre :

L'Album Nigrum n'est pas un poème à lire ou dire pour le simple plaisir esthétique de l'entendre ou de s'écouter parler.  Nous tenons à prévenir le lecteur que l'usage de cette oeuvre dans un strict but de délectation ou de divertissement, ainsi que c'est l'usage en littérature occidentale, ne lui promet rien de bon : si la lecture inconsidérée est faite en public, le résultat à escompter est une émeute ; si elle faite seul, c'est une psychose.  De manière plus générale, nous sommes d'avis que la jouissance éprouvée à la vue ou à l'écoute d'un texte de registre vibratoire d'apparence élevée n'est pas du tout porteuse d'élévation spirituelle.  Bien au contraire elle tient de l'envoûtement, du nouage de liens de dépendance envers des forces obscures.  C'est en fait une débauche.  Une dépendance qui n'a même pas l'excuse et la petite chance qu'a l'attirance sexuelle proprement dite d'avoir un objet d'amour humain dont rester ou devenir ami une fois la passion trompeuse épuisée.  À moins bien entendu de porter un fruit, de promettre un résultat concret auquel travailler par la suite en mettant la persévérance voulue.

1) En principe, la lecture de l'ensemble de l'Album Nigrum avec le soin voulu, voire même d'une partie non négligeable de l'oeuvre, doit se faire dans le but
    
    a) d'opérer la fascination en retour d'un être aimé, pour de bonnes raisons :

    par bonnes raisons, nous entendons le voeu de faire entrer dans sa vie un être à aimer et auquel se donner pour la vie, non pas pour le temps d'une escapade ou d'une amourette dont on s'échappe dès que le plaisir s'évanouit et que la patience est mise à l'épreuve ; nous entendons le droit à l'amour pour des personnes non douées pour séduire et à qui faire des présentations de la même manière que si un parent invisible arrangeait un mariage.

   
​    b) ou encore un train continu de crises psychotiques chez un être détesté, pour de non moins bonnes raisons (l'un de ces buts n'excluant pas l'autre) :

    par bonnes raisons, nous entendons ici, par la mise en psychose de l'adversaire, le voeu de se défaire d'un envoûtement ou d'une situation de dépendance de la part d'un oppresseur réel à qui ainsi faire perdre ses moyens pratiques d'opprimer ; nous entendons un oppresseur qui fait son mal de manière persévérante et systématique pour accroître son pouvoir et sa fortune à la mesure même des douleurs qu'il tient à faire éprouver dans la psyché d'abord ; nous entendons aux yeux de qui les forces et les talents qu'il déploie, la fortune acquise, la position sociale atteinte, et dont départir le sujet sous l'action de la psychose, n'a de valeur que par les souffrances qu'il en résulte pour d'autres ; nous n'entendons point quelqu'un qui par inadvertance ou par simple défaut de caractère froisse le seul ego ; au contraire l'intention finale sincère doit être la réconciliation avec la personne une fois le rapport d'oppression ou d'abus exorcisé par la crise psychotique provoquée ; le courant provocateur de psychose ne passera en fait que lorsque le demandeur sentira son ressentiment se muer en une étrange attirance pour la personne avec un désir sincère de l'aider ; il est vrai que la psychose peut aller jusqu'à tuer l'oppresseur physiquement dans certains cas ou le conduire au suicide, mais c'est dans la seule situation où l'oppresseur ne veut d'aucun pardon et préfère le fuir en mourant, comme il arrive dans le cas tout particulier des pédophiles, que la récitation rituelle bien faite de l'Album Nigrum conduit au suicide effectivement, par noyade le plus souvent.


2) L'être aimé ou détesté peut être collectif aussi bien que personnel.  On peut donc vouloir opérer
    
    a) la fascination d'un certain public auquel parler sur le mode amoureux,
    b) tout comme au contraire opérer sa fascisation et le plonger dans une très violente émeute de rage de détruire pour peu qu'on juge ce public détestable,
l'un de ces buts n'excluant pas l'autre, et l'aspect collectif n'excluant pas le plus personnel et vice-versa.

3) Toute lecture par trop mondaine (à base de recherche prioritaire de gloire, de profit matériel ou de plaisir pris seul ou en groupe), impertinente, moqueuse ou mal à propos de l'ensemble de l'Album Nigrum, voire même d'une partie trop considérable ou caractéristique de l'oeuvre, va provoquer
   a) une crise psychotique assez sévère et pouvant s'installer de façon durable chez le sujet, de la nature de illusion d'un débouché concret aux affects exacerbés par les énergies mises en présence ou encore d'une crise de frustration une fois les affects exacerbés manifestement privés de ce débouché ;
   b) et un accès collectif de rage de détruire dans le public environnant, pouvant là encore devenir durable et déboucher sur un climat social fascisant, s'il y a des spectateurs,
l'un de ces effets pervers n'excluant nullement l'autre.

4) L'oeuvre peut être aussi récitée dans une stricte intention divinatoire, c'est à dire pour obtenir par canal plus intuitif et direct des informations que les médias plus conventionnels tendent à négliger, occulter ou brouiller.  C'est le cas
    a) quand les informations désirées sont d'ordre général mais que le régime politique ambiant est obscurantiste totalitaire, ou quand le domaine de recherche fait l'objet d'une désinformation organisée en haut lieu par des pouvoirs mondiaux, ou tout simplement quand le sujet n'a pas le moyens physiques ou financiers d'accéder aux sources d'information
    b)ou encore quand les informations sont d'ordre privé, du genre dont d'ordinaire les médias et les services de renseignement ne s'occupent guère (par exemple une liaison secrète de la part d'un proche et pouvant porter préjudice à soi, ou un viol subi enfant à des fins de contrôle mental), et qu'on n'a pas les moyens d'un détective privé.

Les informations parviendront alors sous la forme des dires échappés et des actes manqués du ou des sujets mis en état second.  Mais il faut alors réciter l'oeuvre avec le sens du sacré voulu pour éviter ses effets pervers et violents sur la psyché ou sur le public.  Et surtout bien connaître la nature de l'entité invoquée, qui est de type furieux, pétrifiant, paralysant même parfois, et peut manifester sa présence par d'intenses douleurs physiques et angoisses chez le sujet en contact le plus rapproché.


Quelle est donc cette entité mystérieuse mentionnée sous diverses appellations et périphrases un peu partout au fil de l'Album Nigrum?  L'incantation en laquelle consiste essentiellement l'oeuvre faisant l'objet de cet ouvrage est adressée à la Vierge Noire, qui manifeste l'aspect colérique et passionnel de la féminité divine, et dont on dit qu'elle va mettre en oeuvre l'Apocalypse. C'est plus exactement Zila Kanta, ainsi qu'on la nomme au Bénin, lieu du monde où, avec le Bengale hindou, elle fait l'objet de la théosophie la plus exacte et la plus élaborée.  Ce n'est pas une force à invoquer à la légère et des précisions s'imposent donc ici.  Cette force n'est pas du tout malveillante en soi, ainsi que vont disant les mauvaises langues.  Bien au contraire elle procure des extases à peu pareilles et a inspiré plus d'une vie d'héroïsme.  Mais ce n'est pas non plus un être de tout repos.  Elle est plus connue sous le nom d'Erzulie Dantor dans le concert de la mystique vernaculaire haïtienne et louisianaise, de la Vierge Noire ou de Notre-Dame de la Délivrance dans les pays de veille culture catholique, de Dakshina Kâli dans les pays de culture indienne Shivaïte, de Sara Kali au pèlerinage gitan des Saintes-Maries-de-la-Mer, et de la Shulamite dans le concert de la tradition juive.  Cette liste ici esquissée de traditions où interpréter le texte de l'Album Nigrum est loin d'être exhaustive.

En effet, le gros du texte a été composé dans la ville de Montréal, ville caractérisée par un multi-culturalisme particulièrement exacerbé.  Ce multi-culturalisme, fort loin de se limiter à l'industrie culturelle proprement dite, va jusqu'à englober le domaine religieux.  Il va jusqu'à inciter beaucoup de croyants à répartir leurs activités de dévotion en autant d'organismes cultuels que leur soif de connaître et de partager juge bon, ce aussi allègrement qu'on choisit entre plusieurs cuisines exotiques de restaurant où sortir le soir.  Sur ce multi-culturalisme dont nous reconnaissons par ailleurs que les motifs de sa mise en place sont loin d'être tous purs ou bienveillants, nous avons résolu pour notre part de compter, plutôt que de lutter contre à la manière des souverainistes, des identitaires et des intégristes.

Notre texte, avons-nous vérifié par l'expérience, prend environ sept heures de diction soignée à réciter avec les pauses qui conviennent, bien que l'usage de la technique rap, ou encore de rythmes plus anciens de type pétrifiant, puisse diminuer ce temps à quatre heures vingt environ.  Les diverses traditions mystiques décrivant chacune à leur manière le même phénomène s'accordent pour dire que c'est le temps minimal qu'il faut pour atteindre l'extase en position de prière continue. Sa récitation appropriée, de par sa diction même comme de par le sens propre et pas seulement allégorique de chacun des vers, sens propre que le lecteur doit faire sien en le récitant sous peine de très graves déconvenues, conduit le lecteur vers l'union mystique (ou vers une sorte samadhi s'il s'inscrit dans une tradition plus indienne) sous la tutelle de l'entité en question. 

Mais notre texte n'est pas qu'interprétatif et contemplatif, ainsi que cherchent à l'être les oeuvres purement lyriques.  Il est surtout aussi actif, en ce sens qu'il vise à un effet très concret : sa récitation consciencieuse devant le portrait d'une belle dont on se sent amoureux, exposé sur un autel (même des plus rudimentaires) ou dans un sanctuaire (même de fortune, pourvu que ce soit un lieu non mondain) avec les formalités de recueillement qui conviennent de par la tradition mystique à laquelle vous vous référez, fait en principe bel et bien tomber la belle de vos rêves entre vos bras.

Mais il faut s'attendre à des perturbations en retour lors de la récitation pour peu que l'union projetée ne soit pas voulue par le Ciel, ou simplement prématurée au regard de la volonté divine.  Ces perturbations peuvent bien suggérer que le voeu ne fut pas opportun et appelle sa résiliation par le sujet, laquelle peut se faire très bien au fil d'une simple relecture mentale du texte et de l'écoute de la voix intérieure qui s'en suit.

Il faut s'attendre également à de durs chocs en retour quand bien même le voeu sera exaucé, ne serait-ce que par les promesses très exigeantes auxquelles se soumet nécessairement le récitant.  On ne dérange pas les à la légère les forces cosmiques sous-tendant ce genre de phénomène, il faut en tel cas se mourir d'amour pour justifier à cet effet la récitation de l'Album Nigrum avec une Belle en vue.  Et surtout, une fois la Belle couchée entre vos bras, c'est irrémédiable : vous convolez devant l'oeil divin avec toutes les responsabilités qui suivent, quand bien même les choses avec elle ne tournent pas du tout comme rêvées.  Vous ne pouvez plus mettre fin à la relation décidée dans le Ciel pour vous à votre demande instante.  L'Album Nigrum n'est pas un texte écrit pour les badins.

La récitation de l'Album Nigrum convient également quand la Belle n'a été vue qu'en rêve : si la récitation est faite comme il se doit, elle viendra sous une apparence physique assez semblable et au moins égale en beauté à celle dont on crut rêver.  Mais la suite de l'histoire, là encore, vous n'en décidez rien, et une fois la Belle couchée entre vos bras, vous ne pouvez plus mettre fin à la relation.

La mise en garde la plus essentielle à faire ici est que la Belle ne sera point faite à votre volonté.  La récitation de l'Album Nigrum dans l'intention de contrôler de quelque manière que ce soit et en quelque direction que ce soit la volonté ou les actions du partenaire en vue ne peut faire de votre vie qu'une pure catastrophe : la Belle se révélera avoir toujours été un monstre, la Bête.  Non seulement les actions ou les attitudes que vous escomptiez de sa part n'auront pas lieu, sauf au tout début, dans un strict dessein hypocrite de sa part envers vous, mais sa tyrannie à votre égard sera d'une intensité surnaturelle, cet être se révélera avoir été depuis toujours une pure horreur bien décidée à toujours croître en méchanceté, en perversion et en narcissisme. Alors, quand vous vous laissez aller au rêve amoureux, rêvez jusqu'au bout, mais expurgez votre rêve de la moindre trace de désir même inconscient de programmer l'autre.  Une trace et vous voilà fait.  Mais si vous avez bon coeur malgré tout, vous serez averti à temps par un malheur moindre.

La Belle envisagée n'a pas à être un individu humain nécessairement.  Ce peut être une collectivité, pourvu qu'elle soit du genre dont on tombe amoureux encore plus follement que de la plus aguichante et la plus passionnelle des filles.  Non jamais du genre qu'on compte utiliser pour l'avancement d'autres projets ou intérêts personnels, comme par exemple une compagnie ou une corporation, comme par exemple un pays conçu comme un territoire d'opportunités de carrière.  Oui, ce peut être une nationalité, mais il faut vouloir en partager les misères autant que les joies.  Oui, ce peut être un ordre religieux où on désire entrer en tant que membre à part entière, pourvu que ce soit aussi à foi entière en ce que cet ordre dit professer.  On peut tomber amoureux d'un lieu tel qu'une forêt ou une montagne et utiliser là encore ce texte avec profit, pourvu d'avoir la certitude que le génie tutélaire de ce lieu soit du genre à justifier une passion amoureuse folle, c'est ce que firent plusieurs ascètes comme le célèbre Ramana Maharshi qui épousa la colline de cailloux d'Arunachala où il couchait nu.  On ne peut pas utiliser ce texte pour épouser un métier.  En revanche on peut l'utiliser pour s'intégrer à une guilde de gens de métier de type médiéval comme il en reste en fait fort peu, et où la réussite à soi ne comptera plus une fois qu'on y sera intégré.

Est-ce que la Belle peut être en fait un individu de même sexe que soi, pour faire une question bien trop d'actualité par les temps qui courent?  Bien, la réponse est oui, le coeur, une fois battant au sommet de son intensité amoureuse, n'a plus de genre.  Sauf que si union de coeurs il y a entre individus de même sexe, il faudra très vite se contenter du même type d'affection qui convient entre frères ou entre soeurs.  L'entité invoquée par l'Album Nigrum est même considérée par d'aucuns et d'aucunes comme une sorte de sainte patronne des lesbiennes, mais seulement dans l'intention de pousser certaines en direction d'une sorte de marche-pied approximatif en direction d'un monde où la passion amoureuse à tout rompre n'aura plus aucun objet de désir génital. Le genre d'amour ici invoqué est en particulier rigoureusement incompatible avec la fixation anale.  Mettre en branle le processus de l'Album Nigrum dans le but d'entreprendre une relation homosexuelle est très généralement interprété par les forces célestes invoquées comme un désir maladroitement formulé de se mettre sur la voie graduelle d'une vie de chasteté.  Alors attention aux déconvenues.

Est-ce qu'on peut réciter l'Album Nigrum dans l'intention d'une réussite artistique pour vivre sur scène avec intensité l'amour qu'il exprime, ou le genre d'amour dont il parle, comme par exemple les grandes passions du théâtre tragique classique?  C'est ici qu'il faut faire la mise en garde la plus importante : la récitation adéquate et complète du texte dans un lieu non religieusement consacré à cet effet, et tout particulièrement dans un contexte d'assemblée politique ou de scène mondaine telle que celle du cinéma, de la comédie ou du music-hall, suscite à coup sûr non jamais quelque réussite politique ou artistique que ce soit, mais une émeute violente dont la barbarie et le caractère destructeur de toute oeuvre artistique risquant de se trouver sur son passage exclut tout débouché heureux de ce genre.  C'est le meilleur moyen d'avoir tout le milieu artistique d'une ville contre vous à tout jamais, et aussi de perdre les talents que vous aviez si tant est qu'ils eussent été réels.

La raison en est que les lieux de spectacle en général ne sont pas des lieux d'émission d'énergies plus positives ou plus rares comme trop de naïfs croient mais d'excrétion d'énergies superflues : quand par exemple un pays comme l'Italie des années Fellini produisit et consomma beaucoup de films humanistes, c'était la preuve qu'il était déjà en train de cesser de vivre ces valeurs humanistes dans sa vraie vie et bientôt ne les tolérerait même plus en art non plus.  Or l'Album Nigrum est une oeuvre qui pousse le sujet à émettre, à rayonner.  Deux mouvements d'énergie aussi opposés ne peuvent engendrer que des tourbillons chaotiques et destructeurs, à savoir en pratique des émeutes de pur déchaînement de rage de détruire.

La seule exception apparente est la scène tragique du théâtre grec antique et le très peu de modernes qui s'y apparentes : en réalité, le théâtre grec antique était un rituel de transe religieuse et non pas un spectacle.  Le lieu où on le jouait était parmi les plus sacrés et les plus interdits aux profanes de la ville.  Il est arrivé très rarement que certaines très petites scènes modernes voire même de simple bars acquissent cette qualité, souvent à la faveur de grandes passions collectives vécues dans des moments difficiles, mais le retour au fonctionnement dit normal d'une société de type tant soit peu moderne a tôt fait de neutraliser et de stériliser de tels lieux pour en faire de simples attrape-touristes : de la minute où un tel lieu fait la mention élogieuse trop répétée de chroniqueurs d'art, c'en est fait de son caractère sacré implicite et toute oeuvre sacrée qu'on y jouerait achèverait de le détruire par l'émeute.  Si un best-seller quel qu'il soit vous parle de Saint-Germain-des-Prés ou d'un autre endroit du genre, sachez que la récitation de l'Album Nigrum y ferait déferler tous les barbares disponibles à la ronde.

En fait on peut même le réciter à cet effet précis.  La foule forme alors une espèce d'animal collectif en rut que seul peut maîtriser un dictateur de type particulièrement pervers auquel vous devez faire face le premier par vos propres moyens : la Bête.  Il peut en effet être opportun de réciter ce texte exprès à des fins d'émeute si on fait face à une situation d'oppression politique irrémédiable, qui promet de rester bloquée autrement.  Mais on ne doit jamais l'employer dans l'intention de donner de l'énergie à une revendication politique ou quelque autre idéal collectif de son choix, faute de laquelle précaution la cause qu'on veut pousser sera rendue perdante à coup sûr de par le phénomène de barbarie qu'on aura suscité.  Pour la même raison qu'on ne saurait réciter l'Album Nigrum dans l'intention de contrôler ou de programmer la volonté de la Belle qu'on appelle par lui, on ne fait pas le moindre voeu de posséder, de contrôler ou de programmer la foule ameutée par lui dans quelque intention que ce soit, si bonne que soit cette intention en apparence, sous peine de se retrouver avec un foule du genre qui constitue le chancre d'inoculation d'un régime barbare, fasciste ou totalitaire à venir.  Il faut vouloir une émeute formidable pour détruire ce qui doit être détruit et c'est tout, c'est à cette seule condition que la foule se dissout une fois son travail de rupture de barrage fait, c'est à cette seule condition qu'il y a chute d'un régime autoritaire sans la mise en place d'un autre encore bien pire.

On peut dire que les émeutes sont aux foules ce que les psychoses sont aux individus, et de fait le texte de l'Album Nigrum peut être aussi récité en consacrant le portrait d'un individu en particulier considéré comme oppresseur.  L'individu qui vous opprime ou abuse de vous de manière particulièrement perverse en exploitant toutes vos vulnérabilités entrera alors dans l'état de psychose auquel il est le plus enclin de par sa condition physique, caractérologique et sociale jusqu'à perdre un à un tous les moyens de vous opprimer.  La déroute d'un oppresseur ou d'une quelconque autre Bête humaine par la mise en psychose se fait presque exactement de la même manière que la séduction d'une Belle, idéalement avec la même concentration du regard sur un portrait dans le cadre du même genre de rituel soigné dont on eût usé pour avoir la Belle dans ses bras, excepté qu'il s'agit ici de se déprendre de bras adverses.  Là encore, il faut ici être extrêmement sérieux dans ce genre d'intention, au point de sentir de tout son être que la suite de la vie avec un tel adversaire n'est plus vivable et qu'il n'y a pas d'autres recours contre lui, ce qui est le cas quand en plus des moyens financiers ou politiques de vous opprimer l'adversaire use de certaines sciences occultes.  Ce n'est pas une oeuvre pour les badins.

Là encore, l'oppresseur n'est pas nécessairement un individu homme ou femme, ce peut être un être collectif, ou encore abstrait.  On voudrait par exemple se déprendre d'un pays qui vous garde dans la misère et l'humiliation par pur sadisme.  Ou encore, cas plus fréquent, se déprogrammer d'une secte religieuse qui a longtemps occupé votre subconscient.  Ou encore d'une compagnie particulièrement retorse, bien décidée à gâcher votre vie.  Ou encore, cas très fréquent, d'une idéologie perverse à laquelle la majorité croit et qui concourt à votre perte, c'est le cas par exemple de l'idéologie néo-libérale du culte de l'argent en tant que divinité, ou encore du New Age.  Au lieu du portrait d'un adversaire humain, on prendra pour objet de concentration le symbole ou le logo de l'organisation.  En fait, on entre ici dans un vaste domaine qui n'est autre que l'art de l'exorcisme : comment se débarrasser d'influences occultes négatives qui pourrissent de plus en plus votre vie.  En fait l'usage exorciste ici esquissé de cette incantation n'exclut nullement l'usage amoureux et en fait l'un ne va pas sans l'autre.  Le caractère blanc ou noir de la magie, pour peu que le mot de magie soit de mise (car une fois les énergies déchaînées on ne contrôle plus rien, contrairement à l'ambition des magiciens qui est de pouvoir jouer de toutes les forces de l'Univers comme d'un clavier) dépend du repère de l'observateur du processus, et non du processus comme tel.


​
1 Comment
Judith Mirville
1/8/2016 07:33:09 am

Tout semble aller bien pour le moment.

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    Auteur

    François Miville.

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    January 2016

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