111 Les ballerines de Neuilly Qui mettent bas leur collerettes Pour l'uniforme de treillis De leurs nouvelles opérettes.
Mon dérespect aux majorettes Qu'on voit passer chaque mardi Mettre leur flamme aux cigarettes Des assassins de Kennedy. 112 Du feuilleton trop bien ourdi Guide-moi hors de la spirale! Lave mon cœur abasourdi Par son affreux cours de morale.
Hors du concert de la chorale Ne serait don que de vaurien ; À ce que dit l'antenne ovale, Aucun humain de pourrait rien.
113 Le grand projet prolétarien Ayant tourné au mauvais rêve, On veut dès lors que le terrien Renonce au fruit de toute grève.
À voir sur les écrans que crève. Tour à tour chaque plan de vol, On croit, pour être bon élève, L'homme à jamais cloué au sol.
114 Délivre-moi de ce formol Qui pour bocal a pris ma tête : Enivre-moi du propergol Qu'il faut pour fondre sur la bête.
Ne permets plus que je m'arrête Quand elle montre sa prison ; Fais que sans trêve je m'entête Envers et contre sa raison.
115 Quand notre espoir est hors saison Mets bas les casques de l'écoute ; Conduis jusqu'à ta pâmoison La gravelure de ma route.
Ne permets plus que me chouchoute Le jazz blasé de la high class Joué partout sur l'autoroute Menant le monde vers Dallas.
116 Chasse des pages de l'atlas Les deux de pique qu'on adule ; Apprends-moi à produire en as Mon numéro si minuscule :
C'est quand sans force on éjacule En tout dernier son bel atout Que l'ennemi reste incrédule, Jusqu'à ce qu'il ait perdu tout.
117 La bête humaine dit partout Le labyrinthe sans issue : Ne prouve-t-il alors surtout L'avoir que trop bien aperçue?
Mène ma hâte qu'on déçue Les pièges du chemin des airs Au bout du fil dont est tissue Cette guirlande de vieux vers.
118 Fais voir le fil dans les déserts Que je traverse entre les strophes, Et à l'endroit, et à l'envers, Sur mon métier que tu étoffes.
Je tisse pour les philosophes En proie au mauvais rêve aryen, Le drapeau noir des catastrophes Au profit de ceux qui n'ont rien.
119 Remets l'espoir prolétarien, Qu'on pense mort dans un camp russe, Sur fond d'orchestre wagnérien Ne marchant plus au pas de Prusse.
Lave l'argent qui tant nous suce À ta tornade comme Ajax : Ma peau de blanc n'est qu'un prépuce À exciser d'un coup de sax.
120 De mon coccyx à mon thorax, Mon corps n'est qu'un Pershing qui bande, De crainte que comme un anthrax L'onde assassine ne s'étende.
Donne un parfum fleur de lavande À la sueur de mon body ; Va déposer cette guirlande Sur le tombeau de Kennedy