821 Quand la madone des gens chic Se frotte à une croix sans crainte, La grâce se répand du fric Qui se rit de la loi enfreinte.
L'idole dont la voix éteinte Ne s'entend bien que sur fond noir, Ses fesses dont l'affiche est peinte À mettre à feu pour mieux te voir.
822 Nul n'entreprend de grand devoir Pour le lion ou pour la licorne Qu'au bon parfum de l'encensoir Dont la finance le suborne.
Quand ce pays de malicorne Est né pour n’être qu’un hiver Le temps était si triste et morne Qu’il s’est fait ange de l’enfer
823 Je n'ai jamais aimé la chair D'une diva au corps intègre Que pour troubler mon œil trop clair Quand me fait trop trembler la pègre.
Pour que mon pas soit plus allègre, Verdi a fait ce qu'il a pu, Quand me compisse de vinaigre L'air de mon peuple corrompu.
824 Nul musicien ne s'est repu De la trompette de la gloire Que pour garder un mieux lippu Dans la toute petite histoire.
La cantatrice rose ou noire Ne fait d'effet si recherché Qu'en écorchant le chant de foire Que dans la foule elle a pêché.
825 C'est pour avoir si bien léché Une œuvre trop pleine d'essence Qu'un beau matinj'ai trébuché Dans le marais de sa naissance.
Quand se répand la connaissance, Ou bien quand brille l'invention Tenant le monde en sa puissance Toujours perverse est l'intention. 826 Mais quand au lieu de l'ascension Vers le plus haut sommet de givre, Je prends ton gouffre pour pension, Je me raccroche au vouloir-vivre.
J'ai appris dans un mauvais livre Se disant d'un grand maître indien Cette posture qui rend ivre Du mal qui me fera ton bien.
827 C'est en passant pour moins que rien Au sein du monde qu'on dérange Que j'arrive à couper le lien Avec la force qui me mange.
C'est pour avoir joué dans la fange Ainsi qu'un tout petit enfant Que j'eus accès au culte étrange Qui rend mon air si triomphant.
828 En faisant tout ce que défend La loi des gens trop occupées Je m'abreuve à ton cœur que fend Le bout portant des sept épées.
Quand des machines si grippées Je chanterai bien la chanson, Aux sociétés les plus huppées Je saurai faire la leçon.
829 Le savoir-faire d'un maçon Est un des arts les moins utiles Pour le paiement de la rançon Aux bâtisseurs de bidonvilles.
Les insondables imbéciles Dont chacun dit mon peuple fait Sont des entrepreneurs habiles Si l'entreprise est un méfait.
830 Chaque espérance qu'il défait Accroît d'un cran la compétence De qui veut bien être préfet De mon état en décadence.
Mais quand du maître de la danse Je pare le coup d'encensoir, Un surcroît de chaleur intense Me met à feu pour mieux te voir.