911 Quand mon ogive aura enfin Brillé au ciel de l’idolâtre, De cette terre de Baffin Ne restera qu’une eau saumâtre.
Les ruines de l'amphithéâtre, Cratère d'un volcan éteint, Où humblement triomphe un pâtre Du vil spectacle qu'on y tint. 912 Ton dur pays enfin atteint Par l’oeuvre auquel mon coeur procède, Brise le mur qui me retint Dans ma misère bien plus laide.
Mets par la cause que je plaide Sur un air de Léo Ferré Un terme à la relation d’aide Qui tient le monde incarcéré.
913 Fais que mon cri expectoré Brise le rigoureux carême Dont ton pays trop adoré Est devenu pour nous l'emblème.
Mais fais que le moment suprême De la défaite des requins L'empêche d'aspirer au même Point que les Nord-Américains.
914 À quoi bon des républicains Issus du plus violent séisme Si c'est pour être les faquins Des grands champions de l'égoïsme.
Le dieu des mages du déisme Ne fait que perdre la raison : Seul le grand mal du Shivaïsme Ramène le bien à foison.
915 C'est non pour tondre du gazon Qu'il nous faut vaincre la misère, Mais pour remettre en floraison Le mont que gratte la bergère.
Lorsque sera enfin légère La charge de son corbillon, Empêche qu'elle fasse et gère Des dettes pour un pavillon.
916 Ne laisse pas un carillon Chanter le chant de sa victoire : Laisse le vol d'un papillon Sonner la fin de son déboire.
Laisse passer à son histoire Tout l'escalier monumental De ce monceau de vaine gloire Qu'on dit le monde occidental.
917 Laisse-là dans l’état mental Où la fait monter l’hystérie, Laisse crouler tout l'hôpital Qui se veut notre garderie.
Quand finira la pénurie Qui mit ses arbres au charbon, Mets-nous aussi dans l'incurie Qui lui fait prendre le temps bon.
918 Romps tout le charme pudibond Qu’on dit qui fit notre richesse. C'est dans ton plus royal bonbon Que nous jouerons à ton adresse.
Quand la musique nous agresse En direction d'un champ d'honneur, Laisse le chant de ma détresse En faire un hymne au grand bonheur.
919 J'entends la voix d'un grand meneur Sous la fanfare du commerce ; Ne laisse plus l'enfant mineur Sous sa voix sourde qui le berce.
Afin qu'à la lumière perce Plus d'un illustre et vrai talent, Il faudra que le vent renverse Bien des viaducs qui vont croulant.
920 Afin qu'à ton amour collant Fondent les mines trop sérieuses, À ton spectacle désolant Nos stars seront enfin glorieuses.
Quand l'air de tes chansons rieuses Sera par nous enfin atteint, Nos zones trop industrieuses Seront un grand volcan éteint.