501 Ô reine de tous mes échecs, Entraîne-moi à boire encore : Quand les régimes se font secs, Ce sont tes larmes que j'implore.
Les intérêts du Minotaure, La chair des jeunes de son vœu. La banque au lion ailé que dore Le Tiers-Monde à sang et à feu.
502 Pour peu qu'un cœur ose un aveu Aucune oreille ne s'arrête Sauf pour traiter de trop vieux jeu Le labyrinthe où il s'entête.
Pourquoi ne fait-il pas la fête Sous le vacarme stéréo Et cherche-t-il toujours la bête En marge des jeux vidéo? 503 Pourquoi donc quand sous le préau L'orchestre fait un grand battage, Craint-il toujours qu'un grand fléau S'abatte sur sa tête en rage?
Pourquoi quand brille le mirage Sur les baigneuses en sommeil Écoute-t-il au loin l'orage Plutôt que de fondre au soleil?
504 Le chant trop dur de son réveil Tournant en blague coutumière, C'est dans son plus simple appareil Qu'il se présente à la lumière.
Remontant comme une rivière Sa vie où il a divagué, Il veut changer sa tête fière Pour une main au doigt bagué.
505 Oubliant combien fatigué On fut d'entendre sa complainte, Chacun se dit très intrigué De voir son air changer de teinte.
Bizarrement chacun dit sainte Sa voix naguère sous l'écrou ; De sa tendresse on a grand crainte : On préfère en faire un gourou.
506 Quand la louange peu ou prou À le jeter du ciel échoue, C'est du beau monde le courroux Qui tient son insouciance en joue.
On dit le jeu où il s'ébroue Le moins utile au bien d'autrui. Lui sait sa pousse dans la boue Promettre un vrai futur bon fruit.
507 Il a beau vivre sans grand bruit, À servir d'aide de cuisine, On clame qu'il n'a rien construit Ni même été dans une usine.
Quand sa figure enfin dessine Les traits d'un beau jouvenceau noir, Ses proches craignent qu'on destine Sa chair trop tendre à l'abattoir.
508 Les trop beaux jeunes se font voir D'un connaisseur qui les décore, Le lendemain ils vont échoir En nourriture au Minotaure.
C'est au Tiers-Monde que dévore La banque au lourd taux d'intérêt Qu'un trop beau rire en train d'éclore Semble mener comme un décret.
509 Le monde ne se sent pas prêt D'y suivre la chanson folâtre : On la met en maison d'arrêt, Ou sous la griffe d'un psychiatre.
Sous la mauvaise humeur saumâtre Qu'on lui injecte pour son bien, L'acteur se dit que le théâtre Était tragique et ô combien.
510 Il se dit qu'il avait fait bien De pourchasser partout la bête ; Son intuition ne valut rien, La preuve est maintenant honnête.
L'âme qui peine et qui s'apprête À mettre le système en feu Doit d'abord d'une simple fête Faire le plus chaleureux vœu.