Mon coeur d'enfant de la patrie Dont l'hymne est au plus faux amour, Mon amour fait sous ta furie Qui le réarme à double tour... (0: Hymne au Québec, édulcoré)
Et te vaut cette centurie Offerte en bon choc en retour :
Mode d'emploi : le grand texte en vers dont ce site fait l'objet a pour titre l'Album Nigrum. Ce n'est pas à proprement parler un poème au sens lyrique du terme. C'est une incantation divinatoire. Il est vrai par ailleurs qu'elle use de procédés lyriques tels que l'art lyrique d'aujourd'hui n'en connaît plus guère. La déclamation de l'ensemble du texte appelle normalement son entité inspiratrice à se manifester : Zila Kanta (plus connue sous les noms de la Vierge Noire, d'Erzulie Dantor, de Dakshina Kali, de Sara Kali, et de la Shulamite dans le concert de la mystique vernaculaire française, haïtienne, indienne, gitane et israélite respectivement) qui est de type frénétique et pétrifiant. Pour le récitant et les proches participants il doit s'en suivre en principe non seulement l'expérience mystique intense, passionnelle et souvent douloureuse qui caractérise sa présence, mais aussi un résultat bien concret. Il vaut mieux que ce résultat soit voulu et demandé avec instance et préméditation par le récitant, et la demande faite pour autrui présent. Autrement des conséquences bien plus chaotiques peuvent s'ensuivre d'une mise en branle irresponsable du processus appelé par l'oeuvre.
(description plus détaillée*) : Le résultat concret le plus typiquement voulu est la fascination en retour d'un objet d'amour-passion, avec l'atteinte du grand bonheur à deux espéré. Il peut être aussi la mise en psychose d'un adversaire afin de se libérer de son emprise ou de ses mauvais desseins. Les objets d'amour ou d'aversion ici considérés peuvent être des groupes voire des sociétés entières telles que des ordres religieux, des pays, des cercles, aussi bien que de simples personnes. Le résultat espéré peut être encore l'obtention d'informations, d'éclaircissements ou de conseils quant à un des domaines du ressort cosmique de cette entité. En premier lieu, sur tout ce qui ressort des grandes passions, des psychoses et des émeutes. Mais aussi sur l'Apocalypse, et sur les révolutions et autres cataclysmes sociaux plus généralement parlant : cette entité serait responsable non seulement de l'exégèse du célèbre texte de Saint-Jean, mais aussi de la mise en oeuvre de son contenu.
Ce n'est pas un texte à entendre, lire ou déclamer pour le simple plaisir, pour le prestige ou par curiosité. Ce texte lu de façon profane, impure ou mondaine est en effet conçu pour déclencher une émeute dans l'assistance. Et une psychose chez le sujet si celui-ci fait le clown pour lui seul. Plusieurs ont même cru bon parler d'un livre maudit. Ce n'est toutefois pas un recueil de versets sataniques, ni au sens bien connu de Rushdie, ni de Baudelaire, ni de Karl Marx, ni d'Aleister Crowley. Ce n'est pas un propos religieux non plus. La tradition lyrique française, à l'instar de l'Art Poétique de Boileau, préfère laisser toute discussion de dogme aux gens de religion proprement dits. Et hors des strictes Paraboles, user de symboles tirés de religions mortes, sans autre effet supposé qu'esthétique.
Notre insistance sur le résultat concret à considérer ou craindre peut sembler de très mauvais goût selon la même tradition littéraire. Un tel jugement de la part de ces gens découle avec évidence de leur idéal proverbial d'irresponsabilité en matière de passion amoureuse. Et plus particulièrement de leur refus de toute prise en considération du fruit de leurs oeuvres. Idéal que nous récusons : toute oeuvre déclamée ou chantée a sa muse inspiratrice. Et aussi son effet concret sur le public, qui n'est pas seulement psychologique. Il est de notre responsabilité d'en avertir ce dernier. Les gens les plus à craindre en ce domaine sont l'immense majorité des auteurs contemporains qui n'en parlent jamais. Et y sont pourtant bien plus experts qu'on croit.
Le texte de huit mille vers au grand total, dont la forme rimée est le pantoum javanais, comprend cent-un chants de dix double quatrains (sauf les deux derniers), presque tous octosyllabiques. Il nécessite environ sept heures de diction soignée avec les pauses qui s'imposent pour la récitation complète faisant le plein effet voulu. Curieusement pour une oeuvre de ce style littéraire classicisant, le style musical et le rythme le plus approprié à sa mise en forme sonore éventuelle est le rap américain. Ou encore le slam. Ce genre de rythme pétrifiant convient le plus particulièrement et réduit le temps de récitation aux trois cinquièmes.
Voici sur cette page une suite de cent tableaux (cent-un tenant compte qu'un d'eux renvoie à deux chants, cent-deux avec le couplet d'introduction ci-haut, qui renvoie à une oeuvre non pas de nous mais de Gilles Vigneault* et Charles Trenet*) correspondant au deuxième couplet de chacun des chants, avec entre parenthèses ou entre crochets le lien hyper-texte y menant. Les mêmes cent-un liens sont également accessibles par la liste déroulante sous le bouton carré escamotable du coin supérieur gauche, de même que par des références avant et arrière indiquées entre crochets à la fin de chaque chant. Les liens à même le texte ou les commentaires sont indiqués par un discret astérisque à la suite du mot y référant.
Cette suite de cent tableaux qui suit peut également se lire en tant qu'oeuvre indépendante, ayant pour titre Centurie Offertoire. Par centurie il faut entendre une suite de cent couplets, tout simplement. Mais à interpréter de manière divinatoire. C'est un genre littéraire plus connu du grand public par le poète-devin Michel de Notre Dame, qui y excella. Notre Centurie Offertoire, qui relève d'une toute autre démarche que la sienne (sauf sur le strict plan de la forme) fut à l'origine composée pour être offerte à un récipiendaire inconnu, qui survint effectivement. C'est essentiellement une prière où l'on s'offre en vue de l'accomplissement d'un plus grand oeuvre ultérieur à réaliser avec lui ou elle, d'où son appellation. Centurie Offertoire est donc présenté ici comme oeuvre en soi, bien qu'elle soit aussi une table de matières expressive pour qui veut s'orienter dans le site (en plus du menu déroulant), et une ouverture de genre opéra pour qui entreprend la lecture de l'Album Nigrum* (disponible en continu) au complet :
Centurie Offertoire
Ma barque vague et voyageuse Qui vogue au but sans se hâter, Ma tête ogive si chercheuse Que je sens pleine à éclater. (1: La Tête Chercheuse)
Les bercements de mon enfance Aux airs de Saint-Germain des Prés, Les lendemains de la souffrance À l'aube des auvents pamprés. (2: Saint-Germain-des-Prés)
Les derniers pas de mon folklore Dansés dans l'île d'Orléans, Celle où Leclerc faisait éclore Un nouveau cycle de péans. (3: New Orléans)
Le couteau fou de Riopelle Beurrant les gigues de Vigneault, Ma déception qui en appelle Au sacrifice de l'agneau. (4: L'Agneau)
Les quais putrides du Pirée D'où trois enfants m'avaient souri, Leur mouise que j'ai désirée Quand la chantait la Mercouri. (5: Destination-Soleil)
La Seine lente et corrosive Des premiers disques de Ferré. Tout ma vie à la dérive Du charme qu'ils ont opéré. (6: La Seine)
Les vers de l'âme inassouvie Qui écoutés plus de trois fois Rendent inapte pour la vie À emboucher les porte-voix. (7: Les Porte-Voix)
Le jazz du temps du phonographe Qui fleurait bon Sydney Bechet, Cette musique de carafe Que dans les bals on débouchait. (8: Sydney Bechet)
Le disque d'or de Piaf la môme, Rayon de son dernier couchant, Lustre de pur cristal de baume Éclaté sous son propre chant. (9: Le Disque d'Or)
Argent, violence, sexe et drogue Quadruple rendez-vous des as, Coup de poker le plus en vogue À la fortune de Dallas! (10: Dallas)
Le défilé sous l'édifice Où un tireur se recueillit Pour consommer le sacrifice Dont le pouvoir s'enorgueillit. (11: Le Sacrifice)
Mon dérespect aux majorettes Qu'on voit passer chaque mardi Mettre leur flamme aux cigarettes Des assassins de Kennedy. (12: Le Tombeau de Kennedy)
Le riche hymen de Jacqueline Sitôt en terre le cercueil, Le vieux pays que sa marine Maintient toujours dans son orgueil. (13: Jacqueline)
La boîte de Monsieur Surprise, Polichinelle et baladins, Mon émission qu'ils ont remise Pour faire place à ces gredins. (14: Les Gredins)
Mon premier cours de politique En douze jours de longs ennuis, Le lourd métrage méphitique Qui n'a fait qu'épaissir depuis. (15: Cours de Politique)
Mon premier cours de tragédie Télévisé en mon Québec, Le fleuve noir que j'étudie Faute d'avoir appris le grec. (16: Cours de Tragédie)
Les lauriers de l'ennui scolaire Que je cueillais adolescent, Mon amertume et ma colère De m'être cru intéressant. (17: Printemps Canadien)
Les faux problèmes que Corneille Mit dans la tête des héros Qu'en un lycée on ensommeille, Et puis qu'on nimbe de zéros. (18: Corneille)
La peccadille que Racine Crut bon vêtir de hauts remords ; Le dénouement que je machine Pour fracasser tous les records. (19: Racine)
Les bords paisibles de Trézène Où Phèdre se donna la mort, Ma confession de schizophrène Qu'on y lira au bar du port. (20: Confession)
Les grands desseins de ma jeunesse : Des plans pour d'autres Brasilia, Où je dessine une négresse En larmes sous les magnolias. (21: Brasilia)
Mon long désir d'être urbaniste À l'égal de le Corbusier, Ce nom qui désormais m'attriste Et sonne creux dans mon gosier. (22: Le Corbusier)
La projection d'un grand ensemble Dont j'ai fait rêve sur papier, La rage au ventre dont je tremble À voir pousser le vrai clapier. (23: Le Clapier)
Végétation d'un cœur malade Qui a poussé en vrai ciment Et qu'il faut moudre en marmelade Pour en faire un médicament. (24: Marmelade) La peau des jeunes que bourgeonne La chaude haleine de la nuit, Les drapeaux noirs de la Sorbonne Au mois de mai de soixante-huit. (25: Soixante-Huit)
Le surf sur vague de colère Du bateau ivre où je cinglais, Mon mal de m'être laissé faire Mousse au service des Anglais. (26: Les Anglais)
Ce pays où l'arrière-garde Du monde entier s'en vient pourrir, Hubert Aquin dans sa mansarde Cherchant des causes pour mourir. (27: La Mansarde)
Les camemberts que l'on importe Pour exposer sur les buffets Et en tuer la fleur trop forte Pour épargner les nez peu faits. (28: Les Nez Peu Faits)
Les camarades qu'on appelle Des pays rouges de soleil, Leur sang de vin qui se congèle Sitôt goûté notre sommeil. (29: Notre Sommeil)
Le bar de ma cité natale Qui a vu poindre Jacques Brel ; Pour notre brume plus étale, Un plus terrible ménestrel. (30: Le Ménestrel) Notre voisin le Petit Prince Qu'a croqué Saint-Exupéry Faisant escale en ma province Dans le zinc où il a péri. (31: Souvenance)
L'aigle dont l'aile est psychiatrique, Palais du prince de Koninck ; L'autre supplice symétrique Qui se consomme sur le zinc. (32: L'Aile Psychiatrique)
Notre seul plus ou moins poète, Le schizophrène Nelligan ; Cette œuvre digne d'un prophète Pour le venger d'un ouragan. (33: Le Prophète)
Le mauvais sang que je m'obstine À recracher sur l'argument Tranquillisant qu'on me cuisine Pour ma santé supposément. (34: L'Argument)
Le pus que rend ma peau rosie Par la rancœur dont mon sang bout, L'essence de ma poésie Qui coule par le mauvais bout. (35: Le Mauvais Bout)
Le son des cordes de mes nerfs Que je tendrais sur un violon Pour mieux produire les concerts Que je martèle du talon. (36: Les Nerfs) Ma gestuelle tourmentée Dans le foyer des yeux des lynx, Cri de mon âme ensanglantée Soumise à la question du Sphinx. (37: Le Sphinx)
Mon cœur que font battre en panique Ceux dont je suis administré Quand, dans leur gorge métallique, Parle un message enregistré. (38: Les Morts-Vivants)
La foule au cirque sombre et laide Sur un tableau peint par Goya ; Ma danse sur la corde raide Que bande ma paranoïa. (39: Metanoia)
Mon front en ruines qui essuie Les coups de bec des oiseaux noirs, Leurs bombes de fiente et de suie À la guerre des éteignoirs. (40: Les Éteignoirs)
L'odeur canaille qu'on tolère Sous le soleil voilé de smog, L'orage acide qui éclaire Sur la mer d'huile au lac Magog. (41: Magog)
Le paquebot qui fait naufrage Dont le pilote se plaint fort De la lenteur du nettoyage Aux employés du bar du bord. (42: Le Naufrage)
L'inondation sépia qui chasse De plus en plus de voyageurs Qui revendiquent une place Dans les étages supérieurs. (43: L'Inondation) La forteresse sicilienne Qui se bâtit sur nos échecs. Le mat sans contre-jeu qui tienne À l'adversaire en deux coups secs. (44: Les Échecs)
Les blanches îles d'Ionie Qui tinrent tête aux rois d'Iran. Leur langue grise d'ironie Qui résista sous le Coran. (45: L'Ironie)
Les flots de l'autre mer Égée Sous les hauteurs de Charlevoix, En rage sous l'humeur figée, Privés de leurs tragiques voix. (46: Charlevoix)
Le preux gréviste de Pologne Qui lutte par la religion, Le même qui en Catalogne Veut la chasser de la région. (47: La Religion)
La pente abrupte que je grimpe Sous les orbites des corbeaux, Le feu de foudre de l'Olympe Dont je couronne mes flambeaux. (48: L'Olympe)
Le rire jaune de la torche, Dernière étape du relais Avant de mettre à feu le porche Du panthéon chicagolais. (49: Les Chicagolais)
Le labyrinthe de Nouillorque Plein du butin des vases grecs, Le Minotaure au longs crocs d'orque Qui veut du sang pour ses kopecks. (50: Les Kopeks)
Les intérêts du Minotaure, La chair des jeunes de son vœu ; La banque au lion ailé que dore Le Tiers-Monde à sang et à feu. (51: Le Tiers-Monde)
Le long crachat que j'expectore Aux réalistes du malheur Voulant calmer le Minotaure D'autres envois de gars en fleur. (52: Le Malheur)
Le convoi morne de Thésée Voilé de crêpe vers Minos, Ma promenade malaisée Sous les corniches de Patmos. (53: Le Convoi)
Mon écritoire sous la ronce À l'ombre d'un figuier douillet, Sa couleur tendre qui annonce La chaleur proche de juillet. (54: Premier Juillet)
Les péristyles blancs d'Athènes Où discouraient les tragédiens, Les larmes de nos Madeleines Pour réveiller les Canadiens. (55: Les Canadiens)
La classe instruite convertie Par l'astrologue du salon, Comme autrefois par la Pythie Du sanctuaire d'Apollon. (56: Le Salon de l'Ésotérisme)
Mon sentiment qu'alors à Delphes Parlait l'argent des Phéniciens Que firent continuer aux Guelfes Leurs successeurs les Vénitiens. (57: Les Magiciens)
Les beaux choreutes de l'Hellade Dansant au son des bouzoukis Pour soulager mon cœur malade Des lourds concerts des Suzukis. (58: Venise)
Cet air nordique qu'ensoleille Mon cri de guerre au monstre odieux, Près de ma plume une bouteille Du vin le plus aimé des dieux. (59: Le Monstre Odieux)
Les vignes nobles de la Grèce, Nectar qu'incarne le Samos, Le raisin d'or que le pied presse Au péristyle du Cosmos. (60: Le Cosmos)
Le blé ployant sous la lumière D'un ciel méditerranéen, Les coups que frappe à la chaumière Un orage hyperboréen. (61: Orage Hyperboréen)
La trompette et la caisse claire Qu'on fait sonner sous le préau, Le groupe rassemblé sur l'aire Prêt pour la danse du fléau. (62: Le Préau)
Le cri d'alarme d'Archimède Ayant trouvé la solution Au chant funèbre de l'aède En sortant de son ablution. (63: La Solution) Quelques tours de vis d'Archimède Dans le barrage des médias. Sous le béton qui d'un coup cède Un lac de brandons immédiats. (64: Les Médias)
Mon ambition si peu commune Que ni le sceau d'un président Ni le jonc de Dame Fortune Ne me rendraient moins dissident. (65: L'Ambition)
Les vers des âmes dégourdies Que l'on voudrait mettre en prison. La suite de mes tragédies À presque leur donner raison. (66: La Prison)
Mon serment de mégalomane Aux jouvenceaux qu'on abêtit Et que l'on veut mettre en cabane Dès qu'ils ne pensent plus petit. (67: L'Appétit)
Le bleu au bridge qui postule Candidement le grand chelem. Les plis tombant au crépuscule. La coupe de Jérusalem. (68: La Coupe de Jérusalem)
Mon seul coup face à l'hypocrite Qui ne sort pas ses gros canons. Ma carte offerte qui l'invite À décliner tous ses prénoms. (69: Les Guenons)
La fin prochaine d'un roi veule Qui me jette un vieil étendard. Le pion qui fonce dans la gueule Du loup avant qu'il soit trop tard. (70: L'Étendard)
Ma boule noire sur l'allée Qui tourne et roule vers l'abat. Mon argument sur sa volée Pour démolir le faux débat. (71: Le Faux Débat)
Mon char lancé dans la carrière Les crocs des tigres du moteur. L'espoir d'atteindre la clairière Pour y croquer l'hydre en fureur. (72: La Carrière)
L'espoir d'atteindre leur pâture De leur livrer mon cauchemar. Leur croc déçu qui me triture Pour peu que j'arrête mon char. (73: Le Cauchemar)
Mon char lancé sur l'autoroute La Gestapo dans le miroir. L'embranchement vers sa redoute Dont je vais faire un ostensoir. (74: L'Ostensoir)
Mon front bombé qu'on dit maboule Qui roule sur le tapis vert. La pyramide qui s'écroule. La bille rouge à découvert. (75: Tapis Vert)
La trajectoire difficile Du croisé vers la Saint-Tombeau Que la croisière du missile Va retraçant d’un clair flambeau. (76: Le Gala des Gémeaux)
Ma trajectoire pas très droite Qui tourne en rond et perd le nord Et ceint de plus en plus étroite- Ment l'étoile de la mort. (77: La Trajectoire)
La mèche noire qui tournaille, Part en flammèches vers son but. Mes démêlures en bataille De calvitie à son début. (78: La Mèche Noire)
Le filament sous la pupille Qu'à coup de botte on emboutit. Dans le grisou une escarbille Et un brasier qui engloutit. (79: L'Escarbille)
L'invention de la dynamite, Prix de la paix dû à Nobel. L'écroulement de l'anthracite. La lumière au bout du tunnel. (80: Prix Nobel) Le ciel qu'ils bouchent de désastres Et font pleurer sur mon destin. La douche froide des vrais astres Qui vont pleuvoir sur leur festin. (81: Le Festin)
Le ciel tout noir vêtu des voiles Dont on occulte le trafic. Le crépuscule des étoiles Tombant sur le pavé à pic. (82: Le Trafic)
L'idole dont la voix éteinte Ne s'entend bien que sur fond noir. Ses fesses dont l'affiche est peinte À mettre à feu pour mieux te voir. (83: L'Idole)
L'étoile verte de l'absinthe Où l'ouvrier voyait l'espoir, Qui va sombrant dans la mer teinte Du soleil rouge du Grand Soir. (84: L'Espoir)
Le krach de la comète chauve Perdant son or sur son sentier. Le dernière âme qui se sauve. La déception du siècle entier. (85: Krach)
Le feu sacré qui va éclore Au bas des sombres paravents. La bombe rose de l'aurore Après la nuit des morts-vivants. (86: Les Paravents)
Le plan routier que me caviarde L'encre pesante de la nuit. Mes pas futurs que je regarde Se suivre sous l'éclair qui luit. (87: L'Éclair Qui Luit)
Le cagibi du Labyrinthe Dont le plan-guide fut perdu. Le fil d'Ariane sous la plinthe Qu'un haut voltage tient tendu. (88: La HauteTension)
Mon pied au marbre de la dalle Qui cache les interrupteurs. La vue entière du dédale À la clarté des projecteurs. (89: Les Interrupteurs)
L'apparition du Minotaure Sous le fracas des bancs publics. Les étincelles du phosphore La mitraillade des déclics. (90: Les Bancs Publics) La peur des bombes que j'adresse Au fils du peuple et au dauphin, Commencement de ma sagesse Bien qu'elle n'en soit point la fin. (91: La Peur des Bombes)
Les ruines de l'amphithéâtre, Cratère d'un volcan éteint, Où humblement triomphe un pâtre Du vil spectacle qu'on y tint. (92: Volcan Éteint)
L'étoile de mon émeraude Dans ton écrin de velours noir. La torche de ma tête chaude Brillant sur fond de désespoir. (93: L'Écrin)
Ce même souffle chaud qui pousse Depuis la fleur qui va s'ouvrir Jusqu'au titan à la rescousse Du monde entier qu'il voit souffrir (94: Le Souffle Chaud)
Ce feu sacré que l'on éprouve Au lent martèlement des vers. Cette étincelle que l'on couve Pour traverser les longs hivers. (95: Les Vers)
Ce formidable feu de fonte Qui fond les mots de mes couplets, Qui chaque fois que trop peu monte Laisse les moules incomplets. (96: Les Couplets)
Les carres fines de mon moule Pour vérifier si le degré Du souffle chaud dont je me saoule Fond bien l'airain à tout son gré. (97: Mon Moule)
Les dures marches en cadence Que vient de faire ma teuf-teuf. Le plein d'essence et d'espérance De tuer la bête en plein dans l'œuf. Ton coeur en rut et en souffrance Où mon sang s'est remis à neuf Ton monde à mettre enfin en transe Où foncer comme un mâle boeuf. La langue de la douce France Dont notre temps s'était cru veuf. La certitude de la chance Au bout de la preuve par neuf. (98: La Teuf-Teuf)(99: Preuve par Neuf)
Les traits brûlants du ciel antique Qui ont tanné ma vieille peau. La preuve du feu poétique Avant de prendre le drapeau. (100: Le Drapeau)
Le bien fondé de cette étude Que tous les autres pourront voir Mon cœur béant de gratitude À la lumière du Grand Soir. (101: L'Étude)