931 Quelque feu qui pousse au devoir, Seul nous importe qu'il rebrousse Le sens du poil que laisse voir La bête immonde en sa secousse.
Ce même souffle chaud qui pousse Depuis la fleur qui va s'ouvrir Jusqu'au titan à la rescousse Du monde entier qu'il voit souffrir 932 Quand je crus bon devoir m'offrir Pour un emploi de fin du monde, Ce ne fut que pour découvrir Ma propre dépression profonde.
Mais qui n'a pas fait une fronde Contre les forces du cosmos Reste pris dans la bière blonde Où nous font surnager nos boss.
933 Chaque fois que mû par l'éros Je vois en rêve une négresse, Elle me parle d'un ethos Plus dur que de toute la Grèce.
Mais qui par peur de la détresse Boucle son âme à double tour S'enfonce dans une sagesse Qui ne tolère aucun amour.
934 J'ai cru en jouant de ton tambour Mettre tout Manhattan en rage, Mais c'est ma seule arrière-cour Qui fut témoin de mon naufrage.
Qui n'entreprend aucun ouvrage Pour triompher du monde bas Assiste sans aucun courage À ses plus ténébreux sabbats.
935 J'ai nagé dans tous les débats Qui se prétendent de conscience, Mais toujours plus d'affreux combats Ont résulté de ma patience.
Pourtant c'est par trop de méfiance Pour son plus bel élan de cœur Qu'on tombe faute d'expérience Dans l'océan de la rancœur.
936 J'aurais voulu d'un air vainqueur Tuer la bête qui nous tue, On m'a fait voir d'un ton moqueur Ma mine de chienne battue.
Le sujet qui ne se situe Dans aucun camp du parlement En vérité se prostitue Aux forces de l'écrasement.
937 J'ai cru qu'à mon commandement Obéirait ton énergie, J'ai failli devenir dément En allumant trop ma bougie.
Peu importe que la magie Soit noire ou blanche de couleur, Le tout est que l'âme assagie Éloigne le plus grand malheur.
938 J'aurais voulu comme une fleur Tendre un baiser au grand soir lisse, C'est de ton noir nuage en pleur Que tombe l'eau qui le déplisse.
Le blanc lotus dont le calice Ne s'ouvre qu'au premier juillet Procurera pour tout délice D'accompagner un faux billet.
939 À discourir comme un œillet Je me suis cru un pacifiste Sans voir que le public baillait En entendant ma chanson triste.
À moins de se tromper de piste Ou d'oublier son appareil, On restera toujours touriste En ta destination-soleil.
940 Pensant sonner le grand réveil Au grand défi de toute horloge, J'étais toujours dans le sommeil Où nous maintient plus d'une loge.
Mais quand le monde entier s'arroge Le droit de nous laisser souffrir, Permets un peu que j'interroge Le ciel de nuit qu'on voit s'ouvrir.